Les gaulois eurent les saynettes qui habitaient l'île de Sayne, sur la côte des Osismiens, auxquelles on attribuait le pouvoir d'exciter les tempêtes et de guérir les maladies ; on les connut en Ecosse et en Irlande sous le nom de fairies,de water-elven ou de daonie-see ; en Angleterre, on les appellera Klabbers ou tylwith teg ; en Allemagne, alfen, kobold ou stille-volk ;les Arabes et les Persans avaient des fées nommées féris, dives et djinors.
En Flandre, on connut les withe-wroukin(dames blanches),fées malfaisantes qui épiaient les voyageurs pour les entraîner dans leurs demeures souterraines;en Danemark,les fées sont les nokka, musiciennes nocturnes des forêts et des eaux ; en Russie, les duegar.
Il faut remarquer que ces produits de l'imagination humaine sont malins et méchants dans tous les pays où la nature est avare de ses dons :pays froid, de montagnes,de nuages, comme la Scandinavie, l'Irlande, l'Écosse ; au contraire, ils sont doux et bienfaisants dans les pays méridionaux,où la nature est riante et la vie relativement facile.
Les littérateurs prolongèrent le règne des fées en les introduisant dans leurs récits. Au moyen âge, dans les romans d'Arthur et de la Table ronde, de Charlemagne et de ses paladins, d'Ogier le Danois, Viviane, Morgane, Mélusine, sont appréciées des poètes.
Quelques grandes familles adoptèrent certaines d'entre elles comme protectrices.
En se rapprochant des hommes, elles en ont pris les passions, et il n'était pas rare qu'elles s'éprissent d'un beau chevalier, voire d'un simple manant.
La renaissance n'eut garde de les mettre en oubli ; elles revivent dans le Roland amoureux, de Boiardo, dans le Roland furieux, de l'Arioste, dans la Reine des fées, de Spencer, dans le Songe d'une nuit d'été, de Shakespeare, dans la Jérusalem délivrée, de Tasse,etc.
En France, les fées n'ont jamais été délaissées ; elles apparaissent, jusqu'au grand siècle,pimpantes, piquantes, réalisant des prodiges d'un coup de leur baguette magique, parées à la française dans les Contes de Perrault.
En psychologie, les contes de fées sont les archétypes de notre inconscient collectif.
Les mythes appris dès la prime enfance nous hante durant l'âge adulte avec quelquefois des résultats surprenants.
Il y a en chacun de nous un personnage de conte de fées. Le connaître aide à rendre le quotidien bien moins banal.